• Bob Marley & The Wailers : Burnin’ And Lootin’

    Une petite chanson pour « fêter » les un an du Grand Renoncement, il y est question de couvre-feu, d’uniformes, d’incendies et de pillages.

    Voici aussi un texte découvert récemment et qui est l’un des rares à exprimer parfaitement ce que je ressens depuis le 17 Mars 2020 : Covid : choses vues, par Julien Coupat et autres.

    Bob Marley & The Wailers, live at The Rainbow (London), 4th June 1977.

    Bob Marley & The Wailers : Burnin’ And Lootin’

    This morning I woke up in a curfew
    Oh God, I was a prisoner, too – yeah
    Could not recognize the faces standing over me
    They were all dressed in uniforms of brutality, eh

    How many rivers do we have to cross
    Before we can talk to the boss? Eh!
    All that we got, it seems we have lost
    We must have really paid the cost

    (That’s why we gonna be)
    Burnin’ and a-lootin’ tonight
    (Say we gonna burn and loot)
    Burnin’ and a-lootin’ tonight (one more thing)
    Burnin’ all pollution tonight (oh, yeah, yeah)
    Burnin’ all illusion tonight
    Oh, stop them!

    Give me the food and let me grow
    Let the roots man take a blow, eh
    All them drugs gonna make you slow now
    Its not the music of the ghetto, eh

    Weeping and a-wailin’ tonight
    (Who can stop the tears?)
    Weeping and a-wailin’ tonight
    (We’ve been suffering these long, long-a years!)
    Weeping and a-wailin’ tonight
    (Will you say cheer?)
    Weeping and a-wailin’ tonight (but where?)

    Give me the food and let me grow
    Let the roots man take a blow, eh, I say
    All them, all them drugs gonna make you slow
    Its not the music of the ghetto

    We gonna be burning and a-looting tonight
    (To survive, yeah!)
    Burning and a-looting tonight
    (Save your baby lives)
    Burning all pollution tonight
    (Pollution, yeah, yeah!)
    Burning all illusion tonight
    (Lord-a, Lord-a, Lord-a, Lord)

    Burning and a-looting tonight
    Burning and a-looting tonight
    Burning all pollution tonight

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  • Exercice de simple provocation avec 33 fois le mot coupable

    Hubert-Félix Thiéfaine : Exercice de simple provocation avec 33 fois le mot coupable

    Je me sens coupable d’avoir assassiné mon double dans le ventre de ma mère & de l’avoir mangé
    Je me sens coupable d’avoir attenté à mon entité vitale en ayant tenté de me pendre avec mon cordon ombilical
    Je me sens coupable d’avoir offensé & souillé la lumière du jour en essayant de me débarrasser du liquide amniotique qui recouvrait mes yeux la première fois où j’ai voulu voir où j’en étais
    Je me sens coupable d’avoir méprisé tous ces petits barbares débiles insensibles, insipides & minables qui couraient en culotte courte derrière un ballon dans les cours de récréation
    & je me sens coupable d’avoir continué à les mépriser beaucoup plus tard encore alors qu’ils étaient déjà devenus des banquiers, des juges, des dealer
    s, des épiciers, des fonctionnaires, des proxénètes, des évêques ou des chimpanzés névropathes
    Je me sens coupable des lambeaux de leur âme déchirée par la honte & par les ricanements cyniques & confus de mes cellules nerveuses

    Je me sens coupable / Coupable !

    Je me sens coupable d’avoir été dans une vie antérieure l’une de ces charmantes petites créatures que l’on rencontre au fond des bouteilles de mescal & d’en ressentir à tout jamais un sentiment mélancolique de paradis perdu
    Je me sens coupable d’être tombé d’un tabouret de bar dans un palace pour vieilles dames déguisées en rockstar, après avoir éclusé sept bouteilles de Dom Pé 67, dans le seul but d’obtenir des notes de frais à déduire de mes impôts
    Je me sens coupable d’avoir arrêté de picoler, alors qu’il y a des milliers d’envapés qui continuent chaque année, à souffrir d’une cirrhose ou d’un cancer du foie ou des conséquences d’accidents provoqués par l’alcool
    De même que je me sens coupable d’avoir arrêté de fumer alors qu’il y a des milliers d’embrumés qui continuent chaque année, à souffrir pour les mêmes raisons à décalquer sur les poumons en suivant les pointillés
    & je me sens aussi coupable d’être tombé de cénobite en anachorète & d’avoir arrêté de partouzer, alors qu’il y a des milliers d’obsédés qui continuent chaque année, à souffrir d’un claquage de la bite, d’un durillon du clitoris, d’un anthrax max aux roubignolles, d’une overdose de chagatte folle, d’un lent pourrissement scrofuleux du scrotum & du gland, de gono, de blenno, de tréponem, de chancres mous, d’HIV ou de salpingit
    e

    Je me sens coupable / Coupable !

    Je me sens coupable d’être né français, de parent français, d’arrière arrière etc. grands parents français, dans un pays où les indigènes pendant l’occupation allemande, écrivirent un si grand nombre de lettres de dénonciation, que les nazis les plus compétents & les mieux expérimentés en matière de cruauté & de crimes contre l’humanité, en furent stupéfaits & même un peu jaloux
    Je me sens coupable de pouvoir affirmer qu’aujourd’hui, ce genre de pratique de délation typiquement française est toujours en usage & je prends à témoin certains policiers compatissants, certains douaniers écœurés, certains fonctionnaires de certaines administrations particulièrement troublés & choqués par ce genre de pratique
    Je me sens coupable d’imaginer la tête laborieuse de certains de mes voisins, de certains de mes proches, de certaines de mes connaissances, de certains petits vieillards crapuleux, baveux, bavards envieux & dérisoires, appliqués à écrire consciencieusement ce genre de chef d’œuvre de l’anonymat
    Je me sens coupable d’avoir une gueule à être dénoncé

    Je me sens coupable / Coupable !

    Je me sens coupable de garder mes lunettes noires de vagabond solitaire, alors que la majorité de mes très chers compatriotes ont choisi de remettre leurs vieilles lunettes roses à travers lesquelles on peut voir les pitreries masturbatoires de la sociale en train de chanter c’est la turlute finale
    Je me sens coupable de remettre de jour en jour l’idée de me retirer chez mes Nibelungen intimes & privés, dans la partie la plus sombre de mon inconscient, afin de m’y repaître de ma haine contre la race humaine & même contre certaines espèces animales particulièrement sordides serviles & domestiques que sont les chiens, les chats, les chevaux, les chèvres, les tamagotchis & les poissons rouges
    Je me sens coupable de ne pas être mort le 30 septembre 1955, un peu après 17 h 40, au volant du Spider Porsche 550 qui percuta le coupé Ford de Monsieur Donald Turnupseed
    Je me sens coupable d’avoir commencé d’arrêter de respirer, alors qu’il y a quelques six milliards de joyeux fêtards crapoteux qui continuent de se battre entre eux & de s’accrocher à leur triste petite part de néant cafardeux

    Je me sens coupable / Coupable !
    Je me sens coupable / Coupable !

    Coupable / Coupable !

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  • Le tube de l’été

    ***

    Mon tube de l’été à moi, il est à chercher du côté du nouvel album de Bob Dylan, « Rough And Rowdy Ways », sorti en Juin 2020. Si la critique s’est extasiée sur le morceau fleuve (17 minutes, quand même) « Murder Most Foul », pour moi la pièce maîtresse de l’album est la dernière chanson du CD1 : « Key West (Philosopher Pirate) ».

    Déjà, quand mon songwriter préféré cite mon auteur préféré, ça me plait !

    « I was born on the wrong side of the railroad track / Like Ginsberg, Corso and Kerouac »

    Les liens entre les chansons de Bob Dylan et les romans de Jack Kerouac ont toujours été évidents. Dans son article « Bob Dylan’s Beat Visions (Sonic Poetry) » (extrait du recueil « Kerouac On Record ») Michael Goldberg met en lumière le génial pillage de Dylan pour son morceau « Desolation Row », dans lequel on retrouve un nombre invraisemblable de références au roman « Desolation Angels » de Kerouac. Que le chanteur cite enfin (à 79 ans !) le romancier à qui il doit tant, voilà qui fait plaisir !
    Évidemment cela ne suffit pas à faire un tube de l’été, d’ailleurs « Key West » n’a rien d’un tube de l’été, c’est une composition de 9 minutes pas dansante du tout ! À l’image de l’ambiance générale du dernier album de Bob, c’est calme, étrange, envoûtant et ça s’est révélé être la bande son parfaite pour mes errances estivales, 300/400 kilomètres de marche en temps de pseudo crise sanitaire.

    Key West est une île de Floride à plus de 180 kilomètres de la côte mais à laquelle on peut accéder via la Overseas Highway, une sorte d’autoroute sur la mer… Dylan encense ce bout du monde, ce « pays de la lumière », et certifie que si tu perds la raison, tu la retrouveras à Key West. Il y est aussi question de William McKinley, vingt-cinquième président des États-Unis, assassiné en 1901, et d’une radio pirate émettant depuis le Luxembourg et Budapest… Dylan raconte encore avoir été marié à une prostituée à douze ans puis il essaie de retrouver le signal de sa radio… Atmosphère vaporeuse, poésie opaque, accordéon discret, rythmique lente et lointaine, pas vraiment la recette pour faire danser dans les discothèques. Qu’à cela ne tienne, il n’y a plus de discothèques.

    Key West (Philosopher Pirate) by Bob Dylan

    McKinley hollered, McKinley squalled
    Doctor said, « McKinley, death is on the wall
    ‪Say it to me, if you got something to confess »
    ‪I heard all about it, he was going down slow ‬
    ‪I heard it on the wireless radio ‬
    ‪From down in the boondocks way down in Key West
    ‪I’m searching for love, for inspiration ‬
    ‪On that pirate radio station
    ‪Coming out of Luxembourg and Budapest ‬
    ‪Radio signal, clear as can be
    ‪I’m so deep in love that I can hardly see ‬
    ‪Down on the flatlands, way down in Key West


    Key West is the place to be ‬
    ‪If you’re looking for immortality ‬
    ‪Stay on the road, follow the highway sign ‬
    ‪Key West is fine and fair
    ‪If you lost your mind, you will find it there
    ‪Key West is on the horizon line

    ‪I was born on the wrong side of the railroad track
    ‪Like Ginsberg, Corso and Kerouac
    ‪Like Louis and Jimmy and Buddy and all the rest ‬
    ‪Well, it might not be the thing to do ‬
    ‪But I’m sticking with you through and through ‬
    ‪Down in the flatlands, way down in Key West
    ‪I got both my feet planted square on the ground ‬
    ‪Got my right hand high with the thumb down ‬
    ‪Such is life, such is happiness
    ‪Hibiscus flowers, they grow everywhere here
    ‪If you wear one, put it behind your ear
    ‪Down in the bottom, way down in Key West ‬


    Key West is the place to go
    ‪Down by the Gulf of Mexico ‬
    ‪Beyond the sea, beyond the shifting sand
    ‪Key West is the gateway key ‬
    ‪To innocence and purity ‬
    ‪Key West, Key West is the enchanted land

    ‪I’ve never lived in the land of Oz ‬
    ‪Or wasted my time with an unworthy cause ‬
    ‪It’s hot down here, and you can’t be overdressed
    ‪Tiny blossoms of a toxic plant ‬
    ‪They can make you dizzy, I’d like to help you but I can’t
    ‪Down in the flatlands, way down in Key West ‬
    ‪Well, the Fishtail Palms, and the orchid trees
    ‪They can give you that bleeding heart disease
    ‪People tell me I ought to try a little tenderness ‬
    ‪On Amelia Street, Bayview Park ‬
    ‪Walking in the shadows after dark ‬
    ‪Down under, way down in Key West ‬
    ‪I played Gumbo Limbo spirituals
    ‪I know all the Hindu rituals ‬
    ‪People tell me that I’m truly blessed ‬
    Bougainvillea blooming in the summer, in the spring
    Winter here is an unknown thing
    Down in the flat lands, way down in Key West

    Key West is under the sun, under the radar, under the gun
    You stay to the left, and then you lean to the right
    Feel the sunlight on your skin, and the healing virtues of the wind
    Key West, Key West is the land of light

    Wherever I travel, wherever I roam
    I’m not that far from the convent home
    I do what I think is right, what I think is best
    Mystery Street off of Mallory Square
    Truman had his White House there
    East bound, West bound, way down in Key West
    Twelve years old, they put me in a suit
    Forced me to marry a prostitute
    There were gold fringes on her wedding dress
    That’s my story, but not where it ends
    She’s still cute, and we’re still friends
    Down on the bottom, way down in Key West
    I play both sides against the middle
    Trying to pick up that pirate radio signal
    I heard the news, I heard your last request
    Fly around, my pretty little Miss
    I don’t love nobody, give me a kiss
    Down on the bottom, way down in Key West

    Key West is the place to be
    If you’re looking for immortality
    Key West is paradise divine
    Key West is fine and fair
    If you lost your mind, you’ll find it there
    Key West is on the horizon line

    . . .