
En juin 2021, j’ai fait une marche sur la Côte d’Opale, de La Panne à Dunkerque, soit un peu plus de vingt kilomètres à longer la mer sur la plage. À plusieurs reprises, de violentes averses m’ont obligé à aller me réfugier dans les seules choses proches capables de m’abriter : des blockhaus. Entre Bray-Dunes et Leffrinckoucke, ce n’est pas ce qui manque et j’en étais très heureux car il n’a pas arrêté de pleuvoir… Parfois bloqué pendant assez longtemps dans ces abris un peu sinistres, j’ai fini par faire des enregistrements avec mon Zoom H4N histoire de passer le temps. La base du morceau Antiblockhaus – le crépitement que l’on entend tout au long de la piste – vient de là, il s’agit du bruit de la pluie sur le sable capté de l’intérieur de mon bunker…
Antiblockhaus n’est pas un plaidoyer contre ces très romantiques ouvrages militaires qui m’ont servi d’abris, le préfixe anti signifie ici inverse, opposé, car cette composition se veut le contraire du blockhaus, cette carapace de béton armé, sombre et isolée, à l’épreuve des balles mais aussi de tout le reste, de la pluie, du vent, du soleil… Antiblockhaus propose d’aller sous l’averse et de laisser le bunker se faire lentement ensevelir par les sables, il est temps de vérifier si les explosions que l’on entend au loin sont des feux d’artifice ou des bombardements. Il faudra bien sortir un jour de toute façon, quel que soit le risque, non ?
Audio : Manu / Visuel : Malka


