• Article 100

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  • La Transe du Transsibérien (Musique)

    Le texte de « La Transe du Transsibérien » (évidemment une référence à « La Prose du Transsibérien » de Blaise Cendrars) a été écrit durant les quatre jours de voyage (du 16 au 20 Juin 2017) entre Oulan-Bator et Moscou à bord du train « N°5 » (l’un des quelques trains pouvant être qualifiés de « transsibérien »).

    L’instrumental a été composé avec l’aide de Greg (La Dernière Mesure) et sera publié sans le texte dans quelques jours sur Soundcloud,  le visuel est signé Malka.

    À la mère ferroviaire, nous sommes tes enfants
    sortis d’entre tes rails, nous allons constamment
    traversant des villages, sillonnant des pays
    le paradis n’est nulle part, le paradis est ici
    preneurs de wagons-lits, avaleurs de lunes
    nomades des caravanes ayant perdu fortune
    grands enfants sans attache, autre que le détachement
    sans vraie destination, juste voyageurs, errants
    au matin les cafés, à l’eau du samovar
    des villes en cyrillique sur le fronton des gares
    des gamins égarés et des chiens solitaires
    sur les quais couleur craie des cités ouvrières
    abords de Krasnoïarsk, le train tousse et s’arrête
    des silhouettes fatiguées descendent de leurs couchettes
    tous les visages du monde qui s’éveillent et baillent
    figurants de la vieille et grande histoire du rail

    À la mère ferroviaire qui nous mène des montagnes
    à la mer éternelle, des villes à la campagne
    ta couleur est la nôtre, celle de la Terre entière
    quand tes serpents géants nous raccordent à nos frères
    sur des sillons de fer éventrant les terres brunes
    les champs, les vallées blondes éclairées par la lune
    la nuit vient quand elle veut, le tempo a changé
    même si la loco suit son rythme régulier
    en roulant à travers les dimensions du temps
    et ces faisceaux horaires foutus arbitrairement
    inévitablement, nous prendrons l’horizon
    ses rivages, ses forêts, ses isbas, ses saisons
    fusion des sentiments dans cette grande somnolence
    et ça pourrait durer autant que dure l’existence
    c’est la grande traversée, l’Age de Sibérie
    il faut le temps mais un jour nous sortirons d’ici

    À la mère ferroviaire, pas à la mère patrie
    ne priez pas pour nous, nous ne partons pas en guerre
    à nos frères sur les rails, tous ceux qui sont partis
    parcourir des sentiers, pas conquérir la Terre
    À la mère ferroviaire, pas à la mère patrie
    ne priez pas pour nous, nous ne partons pas en guerre
    à nos sœurs sur les rails, toutes celles qui sont parties
    parcourir des sentiers, pas conquérir la Terre

    De vieilles Lada bleues derrière des barrières de bois
    des survêts Adidas 1983
    la mode féminine bloquée sur Samantha Fox
    et les couleurs criardes dans les cimetières orthodoxes
    les usines de l’ex-URSS à l’abandon
    bouffées par la taïga ou la défaite du béton
    non loin de là, les marécages ont fait leur place
    pas un homme qui vive, non rien qu’un train qui passe
    tout ça et bien plus s’offre à nous sur le parcours
    la transe du transsibérien puisse-t-elle durer toujours
    ces paysages jetés en pâtures à nos regards
    quand tu parcours le monde, tu sais qu’il reste de l’espoir
    dans ces vieilles gares, sur ces sentiers sinueux
    et plus ça vaudra le coup, plus ce sera aventureux
    quitte à se brûler les yeux et quant à finir saoul
    ce n’est plus une option, c’est la vie et c’est tout

    À la mère ferroviaire, pas à la mère patrie
    ne priez pas pour nous, nous ne partons pas en guerre
    à nos sœurs sur les rails, toutes celles qui sont parties
    parcourir des sentiers, pas conquérir la Terre
    À la mère ferroviaire, pas à la mère patrie
    ne priez pas pour nous, nous ne partons pas en guerre
    à nos frères sur les rails, tous ceux qui sont partis
    parcourir des sentiers, pas conquérir la Terre

    Sillonnant l’Est en provenance des steppes arides
    où rien ne pousse, des dunes de sable jaune
    nous pénétrons maintenant en territoire humide
    avant de réintégrer, bientôt, pour de bon la zone
    les bâtiments mangent petit à petit la terre
    se regroupent et font barrage comme une frontière
    on remue la poussière depuis des jours maintenant
    le wagon transformé en grand appartement
    en auberge espagnole, des russes, des hollandais
    des belges, des mongols, des chinois, des français
    toutes les langues sont parlées, surtout celles sans paroles
    celles des signes, celles des gestes, celles de l’alcool
    et la vodka voisine avec cafés, thés noirs
    dans les compartiments, personne au wagon-bar
    ça sort dans les couloirs, ça attend les arrêts
    ça achète tout un tas de curiosités sur les quais

    C’est encore un monde à part, c’est un ailleurs
    aujourd’hui dans le brouillard, demain dans la chaleur
    dans des décors kitsch ou dans des villes nouvelles
    des cathédrales, des yourtes, des gratte-ciels
    un soleil soviétique se couche sur l’horizon
    se cache et laisse la nuit gérer nos émotions
    malade de passion, des fois le corps gémit
    rage de dents, lumbago, épuisement, insomnie
    mais le monde s’ouvre à nous, le ciel peut attendre
    on fait fi des nombreuses conneries qu’on peut entendre
    à rester hors du cadre, on s’attire les foudres
    et on sait que tout un tas de bureaucrates veulent nous dissoudre
    dans la paperasse, dans le travail et l’effort
    pour trois mots de travers, nous retirer nos passeports
    tout le monde est à son poste, le nôtre est mouvant
    même allongés nous restons en mouvement

    À la mère ferroviaire, pas à la mère patrie
    ne priez pas pour nous, nous ne partons pas en guerre
    à nos frères sur les rails, tous ceux qui sont partis
    parcourir des sentiers, pas conquérir la Terre
    À la mère ferroviaire, pas à la mère patrie
    ne priez pas pour nous, nous ne partons pas en guerre
    à nos sœurs sur les rails, toutes celles qui sont parties
    parcourir des sentiers, pas conquérir la Terre

    Dans un état second une bonne partie du temps
    constamment pris dans la fièvre des événements
    nous allons, c’est ici que nous sommes chez nous
    la destination n’est qu’un prétexte après tout.

    Manu (La DM/Zuunzug), 2017.

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  • La Transe du Transsibérien (Photos)

    Train N°5, Oulan-Bator – Moscou, une centaine d’heure de voyage (4 jours et 4 nuits), cinq fuseaux horaires, environ 6300 kilomètres de rails avalés, une expérience unique en son genre!

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    Le train N°5, avec l’emblème de la Mongolie, un cheval évidemment!
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    Le couloir, haut lieu de rencontres entre voisins.
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    Les steppes mongoles défilent…
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    … et défilent encore!
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    Passage de la frontière russe. 11°, tout va bien.
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    La Sibérie.
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    Les voitures volantes de Sibérie.
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    Quand tu arrives en Sibérie, tu retournes dans les années 80 automatiquement.
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    Le train s’arrête régulièrement en gare, même dans des toutes petites.
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    Le Baïkal à travers la vitre.
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    Bis.
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    « La contemplation est une activité conseillée à bord de notre train. »
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    Grand-Est.
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    Les heures défilent, la traversée de la Russie continue.
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    Mariinsk.
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    On est le point tout bleu!
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    Couchettes, livres, cahiers…
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    … franchement on n’a manqué de rien.
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    Qui sait rester paisible va kiffer sa race!
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    Prévoir quelques trucs à manger/boire, acheter le reste sur les quais…
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    Après les steppes, la taïga!
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    Kilomètre 4459 (à vue d’œil).
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    Eau chaude à volonté au samovar, cafés et thés toute la journée…
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    Quatre jours comme en suspens du monde et de l’histoire, hors du temps.
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    Et puis bim! La banlieue de Moscou.
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    On serait bien restés encore quelques jours de plus!

    « Tout le monde est à son poste, le nôtre est mouvant / même allongés, nous restons en mouvement. »

     

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