1er Mai

Pour certains c’est Noël, Pâques, un Carnaval ou une Féria, pour moi c’est le 1er Mai. Depuis plus de 15 ans, le 1er Mai est pour moi une sorte de jour magique. Du premier que j’ai fait, énorme, lors de l’entre-deux tours de la Présidentielle de 2002, jusqu’au dernier très « gilet jaunesque » de 2019, en passant par celui de 2016, contre la « Loi Travaille ! », où un vieux soixante-huitard m’a dit que c’était encore une plus belle Fête des Travailleurs que celle de 68, ce jour est quasiment à chaque fois un des meilleurs jours de l’année ! Qu’il pleuve (souvent), vente (des fois), neige (jamais) ou fasse une chaleur à crever (fréquemment) je suis toujours « à la manif du 1er Mai. »

Au départ de Place des Fêtes pour la manif Rouge et Noir à 11H, puis à République pour retrouver les grosses centrales syndicales et galérer trois plombes à boire des bières et manger des merguez en attendant le départ de la grande manifestation, celle qui, année après année, devient de plus en plus difficile à terminer tellement il y a de monde, de « détermination » et de répression.

J’y croise toujours plein de potes, de mes amis du quotidien à ceux que je ne croise qu’une fois par an mais avec qui j’ai vécu une manif de fou, une soirée de dingue, ou encore une garde à vue ! J’y retrouve même des gens que je connais quand je la fais à Athènes, comme en 2017, où j’y ai croisé par hasard une copine, de celles avec qui j’avais fait mes premières manifs 15 ans plus tôt !

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1er Mai 2019, Paris, « Sauvons l’hôpital public »…

Donc soyons clairs, un 1er Mai sans manif n’est pas un 1er Mai. Appelez ça le 31 Avril ou le 0 Mai, qu’importe, mais pas le 1er Mai. Les travailleurs du monde entier, les anarchistes pendus, les innombrables victimes de la machine à broyer capitaliste, méritent au moins une manifestation ou une émeute chaque 1er Mai, et même si elle n’est parfois que symbolique, elle a au moins le mérite d’exister, elle vaudra toujours mieux que la passivité et la résignation. Mais puisque c’est une Journée Internationale, j’ai l’espoir de voir des camarades « de tous les pays » gueuler pour nous, durant cette période terrible où je vis une terrible sensation de défaite depuis que nous nous sommes résignés à l’assignation à résidence et que resurgissent de manière édifiante les vieilles traditions françaises de délation et de soumission, avec ce peuple attendant à heure fixe les nouvelles consignes des pitoyables chefs de la nation, toujours plus paternalistes, manipulateurs, menteurs et réactionnaires.

Ce confinement et cette gestion de l’épidémie auront, plus encore que d’habitude si c’est possible, mis en lumière les inégalités criantes qui ont cours au « Pays des Droits de l’Homme ». Alors que les stars et les politiciens se faisaient dépister dès les premiers jours on ne sait trop comment, on renvoyait chez eux sans faire de tests les pauvres gusses qui débarquaient aux Urgences avec tous les symptômes du virus. Et tandis que les nouveaux riches fuyaient Paris pour aller télétravailler dans leur maison secondaire, les ouvriers, les caissières, les livreurs, les petites mains de tous les pires boulots, étaient contraints de continuer à bosser sans protections, sans primes de risques et sans remerciements. La situation dans laquelle nous sommes en ce moment n’incite guère à l’optimisme mais si changement, si révolte il doit y avoir, je crois qu’il est clair que c’est maintenant ou jamais. Si on laisse passer un truc pareil, alors je ne vois pas vraiment comment les classes populaires pourront s’en relever… Malgré tout ce qu’en disent les « philosophes » français et les politicards à deux balles, la lutte des classes n’a peut-être jamais eu autant de sens qu’aujourd’hui.

Il n’y aura pas de manifestation en France aujourd’hui (j’aurais du mal à appeler « manif » quelques slogans chantés aux balcons de ceux qui en ont…) mais si il y a, n’importe où sur Terre, un travailleur le poing levé dans la rue, fût-il hongkongais, chinois, suédois, libanais, américain ou russe, alors je serais de nouveau obligé d’y croire encore un peu, en notre heure de gloire, en notre Grand Soir, d’y croire encore bien que tout semble s’être écroulé, de continuer à espérer parce qu’il y en aura encore au moins un autre, quelque part, qui y croit…

Bonnes fêtes à tous les travailleurs, les chômeurs, les anars, les banlieusards, les zonards, les galériens, en clair, à toute la classe ouvrière !

tien an men
Chine, 1989.
ouvrier angleterre
Angleterre, 1984.
caen 1968
France, 1968.
berlin1953
RDA, 1953.
Barricade_mars_1871
La Commune, 1871.
hongrie 1956 2
Hongrie, 1956.
bangladesh
Bangladesh, 2006.

Manu (La DM / Zuunzug)

 

5 commentaires sur “1er Mai

  1. que dire de plus devant un tel texte puissant, combatif et sensible… m’euh… rin hormis que je suis en totale vibration et résonance en accord…..
    mais juste pour riz gaule et, mi, d’jeun’ frelon luc et, nin quinze ans de manu ifs, merdrre t’en ajoute 50!!! sans déc, au moins! j’ai 65 d’ici peu biloute!!, je ne pipeaute nin!-

    le vieux kon Pastèque a encore frappé, je pouvo’ nin ne pas me marrer un peu!

    s’cuse, je plombe l’ambiance et destroy un peu ta diatribe coruscante et immarcescible…,

    NÔÔÔN ton texte magnifiquement fort, manu, s’cuse, on ne me refera pas, la dérision de cette tragi-(surtout)-comédie théâtrale des vies!

    bises tertoustes et tenez le choc, « hasta la vitoria siempre! » Pastèque! etc.

    Aimé par 1 personne

  2. « (…) à République pour retrouver les grosses centrales syndicales et galérer trois plombes à boire des bières et manger des merguez (…) » !
    Merci pour ce texte

    Aimé par 2 personnes

  3. Ping : Avril (2020 / 2021) – Zuun Zug

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