• Épisode 8 : Belgrade (Београд )

    23 – 28 août / 31 août – 1 septembre 2022

    Je ne me faisais une idée de Belgrade qu’à travers ce que j’en avais lu dans Ton Fils Huckleberry Finn de Bekim Sejranović, un roman fortement autobiographique dans lequel l’auteur, accompagné de deux amis, vogue sur la rivière Save depuis Brčko, sa ville natale en Bosnie, jusque dans les environs de Belgrade, faute de pouvoir aller plus loin comme il l’espérait.

    La Save, dont la source se trouve en Slovénie, traverse la Croatie en marquant la frontière avec la Bosnie puis se jette dans le Danube via une vaste embouchure dans la capitale serbe. De là, Bekim et ses amis pensaient continuer sur le fleuve et atteindre la Mer Noire, mais ce projet n’avait en réalité aucune chance d’aboutir. Leurs connaissances en navigation étaient trop restreintes, le temps leur manquait et, surtout, leur petit bateau n’était pas taillé pour voguer sur le Danube. Le voyage se termina à Smederevo, à peine cinquante kilomètres au-delà de Belgrade.

    Moku Teraoka a tiré un film de cette aventure – From Tokyo to the Morava river – et Bekim Sejranović, donc, un livre. Le bouquin est beaucoup plus amer que le film…

    Toujours est-il que les trois voyageurs firent un stop à Belgrade, le temps d’une beuverie de quarante-huit heures sur une île se situant à la confluence des deux cours d’eau.
    Après quelques jours en ville, j’ai décidé d’aller retrouver cette île et cela m’a permis d’explorer pendant de longues heures les quais de la Save et du Danube, autant du côté « Belgrade historique » (rive droite) que du côté Novi Beograd (« Nouveau Belgrade », un quartier construit après-guerre sur la rive gauche de la Save). Je crois bien avoir retrouvé l’île mais je ne me suis pas aventuré dessus, l’atmosphère et l’ambiance sur les quais m’offraient déjà tout ce que je cherchais !

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    Dans la capitale serbe, j’ai aussi pu aller saluer Tito dans son mausolée. J’ai pris une photo mais le mausolée est tellement grand que ça ne donne rien, à croire que « Yugo Boss » (petit surnom de Tito qu’on trouve sur certains t-shirts et tote bags) faisait trois mètres ! Avec le musée attenant au tombeau, ça a été la première fois du voyage où je me suis retrouvé face à la nostalgie de la Yougoslavie. C’était loin d’être la dernière, et particulièrement en Serbie et en Bosnie.

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    Dans le montage de field recordings qui suit, j’ai utilisé une partie de mes enregistrements réalisés sur les quais, non loin du pont où passe le tramway, mais aussi quelques extraits des « concerts » donnés par deux gamins des rues sur la Kneza Mihaila (fameuse rue piétonne). Chaque fois que je suis allé dans ce coin de la ville, j’ai vu ces deux mômes chanter. L’un, gros et costaud avec un accordéon, l’autre, petit et maigre avec une derbouka. Ils semblaient passer tout leur temps dans cette rue, jouant nonchalamment de leurs instruments et achetant des Coca et des Mr Freeze avec l’argent de la manche. Ils étaient parfois rejoints par de jeunes migrants en rade à Belgrade, bloqués par les frontières de Schengen.

    Le montage se termine là où à peu près tous mes city trips se sont achevés : dans une gare.

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    De nombreux autres enregistrements de terrain sont disponibles sur notre page Zuunzug Field Recording, tous en libre téléchargement. L’album Field Recordings 2019-2021 peut aussi être téléchargé en intégralité sur Bandcamp.

    Prochaine étape : Kragujevac (Крагујевац)

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  • Épisode 7 : Zrenjanin (Зрењанин)

    21 – 23 août 2022 (kilomètre 2227)

    Zrenjanin se situe a une cinquantaine de kilomètres à l’est de Novi Sad, c’est la deuxième plus grande ville de Voïvodine mais elle n’a vraiment rien à voir avec sa prestigieuse voisine (75 000 habitants contre 340 000). Elle doit son nom à Žarko Zrenjanin Uča (Жарко Зрењанин Уча), leader des Partisans de Voïvodine tué pendant la deuxième guerre mondiale.

    Quelques passages de mon court séjour dans cette ville ont été évoqués dans Distances.

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    Ambiance dans une petite rue de Zrenjanin + cloches de la cathédrale Saint-Jean-Népomucène :

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    Je suis resté deux jours à Zrenjanin puis j’ai filé à Beograd (Belgrade), capitale de la Serbie et ex-capitale de Yougoslavie. Ce sera l’objet de l’épisode 8. Mais avant, je publierai un article revenant sur l’ensemble de mon voyage (maintenant qu’il est terminé) et sur ce long projet en cours qui consiste à le relater à travers des enregistrements de terrain (field recordings).

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  • Épisode 6 : Novi Sad (Нови Сад)

    17 – 21 août 2022 (kilomètre 2174)

    Sources des enregistrements : – Les rues de Novi Sad
    – Les expositions/installations Time and Universe et Small Reboots
    – Le Tamburica Fest 2022 (extraits des groupes Tamburaški Orkestar Hrvoja Harkanovca et Ansambla Johann Strauss iz Linca)
    – Le Danube
    Dates : 17.08 – 21.08.2022, Novi Sad (Нови Сад), Serbie

    Novi Sad est la deuxième plus grande ville de Serbie, située au nord du pays, elle est la capitale de la région autonome de Voïvodine et elle a aussi été nommée capitale européenne de la culture pour l’année 2022.
    À cette occasion, j’ai pu voir de nombreuses expositions, installations et autres manifestations artistiques quand j’y suis allé au mois d’août. Mais il n’y avait pas que ça, loin de là, car Novi Sad est, dans tous les cas, une ville bouillonnante, pleine d’événements artistiques et de musique, et chaque soir les bars et les restaurants rivalisaient en décibels lors de concerts de tous styles.
    Enfin, j’ai eu la chance d’y arriver pour le lancement du Tamburica Fest, un évènement annuel majeur dans la région. Le tamburica est un instrument typique de la Voïvodine et plusieurs des plus grands maitres de ce petit luth sont originaires de Novi Sad, dont Janika Balaž, qui a sa statue en ville.

    J’ai donc couru les concerts et les musées pendant quatre jours et, quand j’en avais marre, je traînais sur les quais du Danube ou dans l’incroyable forteresse de Petrovaradin.
    Le matin de mon départ, il pleuvait à verse sur la ville et j’étais complétement épuisé. J’ai marché jusqu’à la gare routière et je suis parti m’accorder mes deux premiers jours de repos depuis le début de mon voyage, à Zrenjanin…

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    Photo en une : Il s’agit de la célèbre « drunken clock » (pijani sat) de la forteresse de Petrovaradin, surnommée ainsi parce qu’elle retarde ou avance selon la météo et la température et doit être remise à l’heure tous les jours. Il y a aussi une inversion au niveau des aiguilles : la grande indique les heures tandis que la petite désigne les minutes.

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