• Bienvenue à Sainshand (#2)

    On est arrivés le 5 Juin au soir à Sainshand, vu qu’il commençait à faire nuit et qu’on ne savait pas du tout où aller, on a pris un des premiers hôtels qu’on a trouvé, le Цэцэн-Хан. On a pris la chambre la moins chère et elle était assez fantastique : deux lits simples qui grinçaient, une télé d’un autre âge, quelques meubles en bois qui ne tenaient encore debout que par l’opération du Saint-Gengis, pas de douche mais malgré tout une espèce de trou d’évacuation d’eau plein de mégots de cigarettes dans le carrelage de la salle de bain… La femme à l’accueil a été tour à tour super gentille et exécrable, ce qui est une qualité qu’on a souvent retrouvé chez les mongols, ils ne se prennent pas la tête à faire semblant et s’ils sont de mauvaise humeur tu vas le savoir tout de suite!

    Il était tard et tout était fermé, heureusement il y avait une espèce d’épicerie juste en bas de l’hôtel, bon dedans il n’y avait quasiment rien mais on a quand même pu choper deux bières et de quoi survivre jusqu’au lendemain.

    (Vue depuis notre hôtel)

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    Le matin du 6 Juin, après avoir été sortis du lit par le taximan de l’épisode précédent, on boucle nos sacs et on va se chercher un autre hôtel. On n’ira pas bien loin, de l’autre côté de la route en fait, au Shand Plaza Hotel. Un petit peu plus cher, beaucoup moins glauque mais toujours aussi cheap, il nous a fallu un moment pour nous faire comprendre à l’accueil, il faut dire qu’il semble se passer un tas de trucs dans le hall de cet hôtel, on n’a pas compris quoi mais il y avait toujours du monde qui squattait. On a pris trois nuits, pas d’eau chaude mais une douche futuriste, une sorte de capsule avec de l’eau qui sort de sur les côtés… On ressort rapidement et on tombe sur une espèce de meeting juste en face de l’hôtel, on apprendra le soir même à la télé que c’était le meeting d’un des candidats à la Présidentielle, car oui nous sommes en pleine période électorale !

    Il y a des choses simples, très simples chez nous, dont on ne peut pas se douter qu’elles deviennent hyper compliquées à l’autre bout du monde, parmi ces choses : prendre un café. Prendre un café à Sainshand, Dornogovi, Mongolie, est parfaitement impossible. Vous trouverez plusieurs enseignes « кофе » (café) mais vous n’en trouverez pas à l’intérieur. C’est comme ça. Pour les restos on a bien galéré aussi, surtout ce premier jour en fait, il faut savoir que les restaurants sont bien cachés et se trouvent souvent à l’étage d’épiceries où il faut oser entrer et demander le ресторан (« restoran » – c’est le terme russe mais vous serez compris et c’est plus simple que зоогийн газар par exemple). On a fini au Sydney qu’on peut difficilement vous conseiller, on était les seuls clients, l’ambiance était pesante et malgré un menu bien fourni il n’y avait que deux plats disponibles, on a pris des tsuivans.

    On a passé une bonne partie de notre journée à marcher et voir ce qu’on pourrait faire ici, on était les seuls étrangers (les seuls « blancs » comme disent les Occidentaux, oubliant bizarrement que les mongols sont aussi blancs qu’eux) et ça étonnait pas mal de monde de nous voir là ! Alors qu’on était revenus se poser un peu dans notre chambre d’hôtel, la porte s’est ouverte et un vieux qui voulait montrer à un autre à quoi ressemble les chambres le lui a montré sur le pas de la porte, tranquille, après ça on s’est dit qu’il fallait vraiment qu’on ferme à clef… Le soir, on passe au Nomin (Номин, grosse chaîne de supermarchés en Mongolie), on s’achète de quoi becter et de la vodka et on retourne dans notre piaule avec la sensation d’avoir passé une journée bien étrange…

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  • Sainshand facile – Part.1 (#3)

    Le 7 on s’est fait les deux musées de la ville, il faut savoir que dans toutes les capitales d’aïmag (équivalent de « région »), il y a un musée qui retrace l’histoire du coin, Sainshand étant la « capitale » du Dornogovi, on a eu droit, pour un prix d’entrée modique, au musée du Dornogovi. On a pu en profiter quasiment seuls après que le vendeur, qui s’occupait comme il pouvait sur son ordi, nous ait filé nos deux tickets. Petit musée étrange, entre x animaux empaillés, un ou deux trucs sur la Horde d’Or et quelques fossiles, on tombe sur… un squelette humain dans une glacière! Apparemment un type d’une autre époque découvert dans le coin, on n’a rien compris car tout était en mongol mais le plus étrange c’est qu’il était, vraiment, dans une glacière. De celles qu’on trouve dans la cave des gens qui ont des caves, et des glacières. On l’a pris en photo mais bon on va éviter de publier ça car c’est vraiment bizarre…

    Bref, après on va traîner dans le parc et une bande de petits vieux un peu éméchés viennent nous tchatcher, on se marre bien et puis on part trouver un resto. Ce coup-ci on a eu droit à un truc vraiment génial, l’Altan Urag, un restaurant situé sur la rue principale (le bâtiment est inratable, c’est un sorte de petit château coloré, par contre pour entrer dans le resto il faut passer par des escaliers derrière l’épicerie qui est au rez-de-chaussée…). On arrive là-haut et on nous installe dans une grande salle où il n’y a personne, la patronne arrive et me donne un téléphone, elle avait appelé une connaissance parlant anglais et je me suis expliqué avec elle pour ce qui était de ce qu’on voulait manger, on n’a vu ni menu ni prix! À l’arrivée, pour 21 000 tugriks (environ 8€), on s’est régalé et on a mangé plus qu’on en avait besoin, si on ajoute à ça le thé et la bière, c’était carrément royal.

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    L’après-midi, on a visité le musée Danzanravjaa. Dulduityn Danzanravjaa était un moine érudit assez génial qui vécu dans le Gobi au XIXe siècle, écrivain, poète, musicien, médecin et collectionneur (entre autres), il amassa durant toute sa vie une énorme quantité d’œuvres d’art et pouvait passer des mois entiers reclus dans sa yourte à écrire, méditer et… boire. A sa mort, ses légataires eurent la responsabilité des œuvres qu’il avait conservé toute sa vie et en 1937, afin que les communistes qui s’appliquaient à cette époque à détruire toute trace du bouddhisme en Mongolie ne mettent pas la main dessus, ils durent enterrer, caisse par caisse, l’immense collection d’œuvres d’art dans les sables mouvants du Gobi. Ce n’est qu’en 1990 que les caisses commencèrent à être déterrées et ce sont ces œuvres qui constituent l’essentiel du musée. Au milieu des tableaux, des statues, des vêtements, trône l’autel dédié à Danzanravjaa, et parmi les offrandes une bouteille de vodka! On était en train de « méditer » là-dessus quand un des petits vieux du square a débarqué et, après moult courbettes, gestes rituels etc, a embarqué la bouteille en nous expliquant comme il pouvait qu’il avait vraiment besoin de boire (le geste pour dire qu’on a besoin de se rincer la dalle en Mongolie : tu tapes deux doigts contre ta gorge!), c’est comme ça que ça se passe dans les musées à Sainshand!

    Le soir, on a traîné, trouvé des légumes dans une épicerie et fini éclaté dans notre piaule, défoncés par le soleil et par la vie.

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  • Sainshand facile – Part.2 (#4)

    C’est le 8 Juin, notre avant-dernier jour à Sainshand, qu’on a tenté notre coup pour le monastère et le centre d’énergie. Sauf que, dans le fond, on n’était que moyennement motivés et trois problèmes se sont présentés à nous. Premièrement, on manquait de thune et il nous fallait trouver un plan vraiment pas cher ; deuxièmement, on n’est pas du genre à se lever aux aurores et pas sûrs que les navettes attendent jusqu’à 11H ; troisièmement, ces navettes n’avaient rien d’officielles et nos infos quant à l’endroit d’où elles partaient n’étaient pas claires… Après une courte recherche sous un soleil de plomb, on a décidé que ça ne valait pas le coup et qu’il y avait mieux à faire, comme par exemple aller se promener dans le désert !

    On est allés à l’entrée de la ville et on a grimpé une grande dune, là-haut il y avait un parc pour les enfants et quelques monuments, la statue d’un soldat, un tank… D’ici, on avait une vue superbe sur tout le bled, et c’est de là qu’on est partis « randonner » dans le Gobi. Il faut savoir qu’autour de Sainshand, il n’y a absolument rien si ce n’est quelques chemins déserts et une ligne de poteaux électriques qui s’efface dans l’horizon. On a marché longtemps, des dunes, du sable, de la caillasse, des mini-tornades, on a fini par tomber sur un ovoo au milieu de nulle part, le soleil tapait sec, j’ai eu la sensation d’atteindre le bout du monde. Après des années d’errance et de vagabondages, j’y étais finalement parvenu, j’étais dans le désert.

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    Le soir, encore grisés par cette errance sous le soleil, on a été manger au « Best Restaurant » et on y a vu des touristes, ils ont becté puis sont rentrés dans leur hôtel juste en face. Nous on a été traîner, les ados nous sortaient tous des « hello, it’s me », ils venaient sûrement d’apprendre ça en cours ! À la tombée de la nuit, le parc à la fontaine en forme de diplodocus (emblème du Dornogovi !) était plein, c’était surtout des ados du coin et des parents avec leurs enfants, ambiance calme alors que les haut-parleurs de la ville crachaient les tubes de pop mongol, une des nos rares souffrances dans ce pays… On est pas rentrés bien tard, on a pris une douche froide dans la capsule futuriste passée de mode et on s’est foutus au pieu. Mais cette nuit, il y a eu de l’agitation dans l’hôtel, en fait un bordel sans nom qui m’a fait veiller jusqu’à 4H du mat’.

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