
De Granville (Normandie) à Donostia (San Sebastián, en Espagne), ces mois de Juillet et Août ont été placé sous le signe de l’océan Atlantique et de la côte Ouest. Pendant des semaines, j’ai eu en tête ce monumental morceau de Léo Ferré, « La Mémoire Et La Mer ». Difficile de faire mieux, pour évoquer l’océan, que ce poème exceptionnel de feu (fou) Léo.

Comme un mendiant sous l’anathème

Sous l’arc copain où je m’aveugle

Avec ses pâleurs de rescousse

Aux doigts du sable de la terre

Au ras des rocs qui se consument

De leur vocation de parure
Quand le couteau vient s’immiscer
Dans leur castagnette figure

Reviens violon des violonades

Dans le poivre feu des gerçures
Quand j’allais, géométrisant,
Mon âme au creux de ta blessure

Le froid tout gris qui nous appelle

Où luisait le loup solitaire

Avec ses poumons de flanelle

Sous les sunlights cassés liquides
Jouent de la castagnette tant
Qu’on dirait l’Espagne livide

Celui qui vient les soirs de frime

On l’arrime au port de justesse
Il pleure de mon firmament
Des années lumières et j’en laisse

Dans la rue, aux musiques mortes

Dans cette mer jamais étale

Ô rumeurs d’une autre habitude
Mes désirs dès lors ne sont plus
Qu’un chagrin de ma solitude

Des goémons de nécropole

Pour le retour des camarades
Textes : Léo Ferré (« La Mémoire Et La Mer »)
Photos : Manu, sauf « Et qui gueule… » : Malka
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