• Épisode 18 : Skopje (Скопје), Macédoine du Nord

    6 – 9 octobre / 19 – 21 octobre 2022 (kilomètre 4528)

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    De 1945 à 1991, la Macédoine a été une des six républiques de la République fédérative socialiste de Yougoslavie. Le 8 septembre 1991, peu de temps après la Slovénie et la Croatie, elle proclame son indépendance sans que cela n’entraine de conflit avec l’Armée fédérale. Pour la Macédoine, le conflit sera plutôt diplomatique puisque la Grèce refusera dès le début que le nouveau pays prenne le nom de République de Macédoine, la Macédoine étant aussi une région de Grèce. Par conséquent, de 1993 à 2019, la Macédoine s’appellera officiellement FYROM (Former Yugoslav Republic Of Macedonia) ou ARYM en français (Ancienne République Yougoslave de Macédoine). En 2019, les deux pays trouvent enfin un accord et la Macédoine indépendante devient la Macédoine du Nord.

    L’alphabet macédonien est un dérivé du cyrillique, les deux se ressemblent beaucoup mais il y a quelques différences. Les langues officielles du pays sont le macédonien et l’albanais. Le macédonien étant assez proche du serbo-croate, je n’étais pas trop perdu…

    Pour arriver à Skopje, capitale de la Macédoine du Nord, j’ai pris un premier bus Zagreb – Belgrade, puis un autre Belgrade – Skopje, soit environ 820 kilomètres, ce qui m’a pris la journée. J’y suis d’abord resté trois jours, puis j’ai fait un petit « tour de Macédoine » avant de repasser deux jours dans la capitale. C’est une drôle de ville. Entre 2010 et 2014, une folie s’est emparée des dirigeants du pays et Skopje a été recouverte de statues monumentales représentant des personnages historiques, des figures mythologiques, mais aussi de simples comédiens ou chanteurs du XXe siècle. Il y en a partout, je n’avais jamais vu un truc pareil. Épargné, le « vieux bazar de Skopje » garde, lui, tout son charme, mais quel contraste !

    Parmi toutes ces statues, la plus imposante est évidemment celle d’Alexandre le Grand, située au beau milieu de la Place de Macédoine. Sur une colonne de 10 mètres de hauteur, un Alexandre de bronze de plus de 14 mètres surplombe, sur son cheval, toute l’esplanade. À ses pieds, 8 soldats et 8 lions (en bronze aussi), de respectivement 3 et 2,50 mètres, protègent le conquérant. Une belle troupe antique, donc, désormais figée au centre d’une fontaine composée de plusieurs dizaines de jets d’eau que je me suis amusé à enregistrer. Voici donc un extrait de 10 minutes du grand ballet des eaux de la Fontaine Alexandre le Grand à Skopje, le 8 octobre 2022 :

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    Prochaine étape : Prilep

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  • Épisode 15 : Brčko

    20 – 23 septembre 2022 (kilomètre ≃ 3338)

    Why Brčko? C’est la question que nous ont posé, avec un réel étonnement, la plupart des bosniens à qui nous avons déclaré vouloir nous rendre dans cette petite ville située au bord de la Save, à un pont de la frontière croate.

    Brčko n’est, il est vrai, ni la plus touristique ni la plus illustre des villes de Bosnie-Herzégovine, elle a cependant un statut extrêmement particulier dans le pays. Elle fait en effet parti, depuis 2000, d’un « district autonome » (le district de Brčko) qui ne dépend ni de la Fédération de Bosnie-et-Herzégovine ni de la République serbe de Bosnie, tout en faisant parti des deux… En gros, ce territoire possède son propre gouvernement et jouit d’une certaine autonomie mais reste soumis aux lois du pays. Si vous voulez en savoir plus sur le sujet, je vous invite à lire les quelques articles de fond qu’on peut trouver sur internet car je ne vais pas me risquer à rentrer dans les détails !

    Bref, why Brčko? Pour la curiosité principalement. Curiosité pour une ville que l’auteur Bekim Sejranović évoque souvent, même si c’est la plupart du temps pour parler de la rivière qui y coule, la Save. Curiosité pour une zone ayant un statut autonome, même si cela ne fait pas beaucoup de différence au final… Curiosité pour une ville située pile à la frontière, une frontière qui n’existait pas il y a encore trente ans. Curiosité pour un lieu dont on ne savait pas prononcer le nom (se prononce Beurtchko). Et, bien sûr, curiosité pour un endroit qui n’est dans à-peu-près aucun guide ou blog de voyage, une ville qui ne possède ni lieu « à visiter absolument » ni attraction « à ne pas rater ». J’ai appris dans le passé que c’est souvent dans ce genre d’endroit qu’on peut vivre les trucs les plus drôles et faire les rencontres les plus improbables, et ces trois jours à Brčko me l’ont encore une fois confirmé !

    Why Brčko? Nous avons cessé de nous poser la question dès le premier soir après un concert de musique folk dans un Balkan Pub surpeuplé. Le deuxième soir, un mercredi, fut encore plus dingue et s’est achevé dans une ambiance presque « kusturicienne » (voir les films d’Emir Kusturica). Le troisième fut l’apothéose, rencontres, rigolades et bières jusqu’à pas d’heure dans un bar qui aurait dû être fermé depuis longtemps… Et dire qu’on n’était qu’au milieu de la semaine !

    À séjour de dingue, bande-son déglinguée ! Le Brčko Field Recording n’est ni le plus propre ni le plus « pro » de mes enregistrements mais il est à l’image de cette ville ou, en tout cas, de ce que nous y avons vécu : Les enfants crient, les chiens aboient (et font saturer les micros), les gens chantent (mal ?) et la musique est toujours à fond. Bref, on s’est éclatés et inutile de nous demander why on retournera à Brčko !

    (Groupe qui joue sur l’enregistrement : Erman i Boris au Balkan Pub)

    Prochaine étape : Banja Luka.

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  • Épisode 13 : Mostar, Bosnie-Herzégovine

    13 – 16 septembre 2022 (kilomètre 3283)

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    Peu de gens le savent par chez nous, mais la Bosnie-Herzégovine est une république fédérale composée de deux entités autonomes, la Fédération de Bosnie-et-Herzégovine et la République serbe de Bosnie, ainsi que d’un territoire neutre, le district de Brčko. On y élit trois présidents tous les quatre ans : un président bosniaque (musulman), un président serbe (orthodoxe) et un président croate (catholique). Ce découpage territorial et cette répartition des pouvoirs sont évidemment des conséquences de la guerre qui a meurtri le pays dans les années 90 et qu’il convenait de stopper à tout prix en essayant de contenter tout le monde.

    De l’avis de tous les concernés avec qui nous en avons discuté, il est plus que temps de revoir ce système dans lequel la corruption et le clientélisme règnent, mais comment faire dans un pays où les trois principales communautés vivent encore avec les blessures de la guerre qui les a déchirées ?

    En cela, Mostar est un véritable symbole de la Bosnie. Multiconfessionnelle et métissée depuis des siècles, elle a été convoitée par les trois armées qui se sont livrées bataille et a payé un tribut monstrueux à la guerre. Son mythique Stari Most (Vieux Pont), construit en 1565, a même été pilonné et détruit en 1993 par l’armée croate, avant d’être reconstruit à l’identique en 2004. Aujourd’hui, chaque communauté vit de son côté du pont…

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    De son immense croix catholique en haut de la colline à ses adhans (appels à la prière islamique) qui résonnent cinq fois par jour dans la cité (voir la bande-son) en passant par ses musées dans lesquels est encore célébré Tito, Mostar est une ville déroutante. Hérissée de bâtiments à moitié détruits ou constellés d’impacts de balles, elle est aussi régulièrement bondée de touristes s’entassant aux alentours du Vieux Pont. À la mesure d’une ville aussi complexe, nous y avons fait des rencontres exceptionnelles, ce qui allait s’avérer être le cas tout au long de notre séjour en Bosnie…

    Comme dans la plupart des villes à majorité musulmane de Bosnie, l’appel à la prière se fait entendre dans les rues de Mostar à intervalles réguliers. Cela fait partie du paysage sonore et, évidemment, quand on vient dans l’idée de faire des enregistrements, ses chants envoutants diffusés à fort volume dans toute la ville ne laissent pas indifférent ! C’est ainsi que plusieurs des field recordings consacrés à la Bosnie contiendront des extraits de adhans.

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