« Le bon vieux temps, ma dernière occasion d’être normal. Mais ça aussi, ça passe, comme tout en ce bas monde. À présent, j’ai le sentiment que c’est quelqu’un d’autre qui l’a rêvé et me l’a raconté. » (Bekim Sejranović)
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Novi Sad, Serbie, 22.06.2024Trebinje, Bosnie-Herzégovine, 7.07.2024Novi Pazar, Serbie, 25.06.2024Visoko, Bosnie-Herzégovine, 12.07.2024Travnik, Bosnie-Herzégovine, 14.07.2024Tirana, Albanie, 29.06.2024Huế, Viêt Nam, 9.02.2024Eforia, Roumanie, 11.07.2023« N’exigez pas des morts un pacte de paix. »Gwangju, Corée du Sud, 3.04.2023Bar, Monténégro, 2.09.2022Gyeongju, Corée du Sud, 20.03.2023 Timişoara, Roumanie, 30.06.2023 Bitola, Macédoine du Nord, 13.10.2022Incheon, Corée du Sud, 7.04.2023Nha Trang, Viêt Nam, 2.02.2024« Musulmans, chrétiens et juifs mêlés. La force des éléments et le poids du malheur partagé rapprochaient ces gens et jetaient un pont, pour un soir du moins, au-dessus de l’abîme qui séparait une communauté de l’autre. »
Il m’aura donc fallu plus d’un an pour finaliser ce vaste récit de voyage composé de 26 articles, 26 bandes-son/field recordings, de dizaines de photos et même de posts « hors-séries » ! Mais c’est que le périple fut impressionnant :
– Parti le 1er août 2022, je suis revenu le 9 novembre 2022, soit exactement 100 jours de voyage (ce qui était parfaitement involontaire) ! – J’ai parcouru environ 7220 kilomètres, en bus et en train uniquement. Le chiffre est approximatif mais c’est dans ces eaux-là… – J’ai dormi dans 32 villes et 7 pays différents, même si 6 de ces pays n’en formaient qu’un seul il y a encore une trentaine d’années… – Et, accessoirement, j’ai réalisé plus de 20 heures d’enregistrements audio avec mon recorder Zoom H4N Pro !
De ces nombreuses heures d’ambiances sonores, j’ai donc tiré 26 pistes, désormais regroupées en un album de 1 heure 47 minutes baptisé A Hundred Days in the Balkans (Cent Jours dans les Balkans), disponible en téléchargement sur Bandcamp.
L’album est téléchargeable gratuitement mais vous pouvez aussi payer ce que vous voulez pour soutenir Zuunzug. Il y a juste à inscrire la somme (0 ou plus) après avoir cliqué sur Acheter l’album numérique/Buy digital album.
La qualité des morceaux est assez inégale, cela est dû non seulement aux enregistrements – qui ont été réalisés dans des conditions parfois très différentes les unes des autres – mais aussi à quand et où j’étais lorsque j’ai retravaillé mes field recordings pour en faire les bandes-son des articles. J’ai en effet commencé à bosser sur ce projet dès le mois d’août 2022, alors que le voyage ne faisait que débuter et que je n’avais évidemment pas accès à mon home-studio. À mon retour, la réalisation des morceaux s’est encore étalée sur un an, avec une façon de travailler et des idées qui ont évolué au fur et à mesure, il n’a donc pas été facile d’harmoniser la qualité sonore tout au long du processus ! Malgré ça, je pense que cet album garde une certaine forme de cohérence, qu’on peut l’écouter d’une traite et que le son reste relativement correct de la première à la dernière piste.
Et ce sera donc par ce recueil d’ambiances sonores que je clôturerai enfin la « saga » 100 jours dans les Balkans. Merci à tous ceux qui ont suivi mes interminables aventures 😉 Dans un souci de clarté (difficile à obtenir dans les limites du format blog), je remets ici tous les articles dans l’ordre :
« Tout ce qu’en cet instant je ressentais et comment, ce que je voyais, sentais, entendais, concevais, comprenais, nul ne l’avait sans doute jamais ressenti auparavant, ni ne le ressentirait. Le pire, c’est que je n’ai jamais pu raconter ça à personne, et que ce soit compréhensible ou ne serait-ce qu’un tant soit peu crédible. Ce dont je vous parle est moins tangible encore qu’une ombre dans une chambre sombre. » Bekim Sejranović (Ton fils Huckleberry Finn)
Le matin du 4, j’ai pris un dernier café à la Guesthouse Berlin et quand j’ai dit au patron que je partais pour Budva, il m’a répondu quelque chose comme : « Budva not good, too much money ». Mais c’était déjà trop tard et j’ai pris mon bus pour la « Saint-Tropez de l’Adriatique », un surnom dont je n’ai eu connaissance qu’une fois sur place, pensez donc…
Donc en gros Budva c’est deux fois plus cher qu’ailleurs au Monténégro et c’est extrêmement m’as-tu-vu, pour ne pas dire « jet set-eux » (ou « jet set-ien » peut-être…). Au bout de quelques heures, je me suis demandé comment j’allais tenir deux jours ici. Objectivement, ça a été mon premier vrai raté en terme de destination, il n’y en aura que deux sur les… trente-deux villes où j’ai passé au moins une nuit durant ce voyage.
J’ai renoncé à aller à Kotor dont on m’avait dit que c’était la deuxième TRÈS touristique ville du Monténégro et j’ai filé à Herceg Novi le 6 septembre. Là, ce fut un bonheur, rien à voir avec ce que je venais de vivre cinquante kilomètres plus au sud…
J’ai passé trois jours à « Nouveau Château » (Herceg Novi), entre balade dans la vieille ville et sur le front de mer et repos dans la presque paradisiaque guesthouse où je créchais. J’ai aussi eu droit à une visite personnalisée du petit mais néanmoins excellent Musée Mikhail Bulgakov (auteur du phénoménal Le Maître et Marguerite) et j’ai découvert la « probablement plus petite librairie du monde », la Knjižara Mimoza, 3,80 m².
Il a fait une chaleur à crever jusqu’au matin de mon départ où un orage hallucinant a éclaté. La pluie a inondé les rues en quelques minutes et la température a chuté. J’ai dû me rendre à la gare routière sous une averse complétement dingue et marcher dans dix bons centimètres d’eau pour traverser certaines routes devenues ruisseaux. Arrivé à destination, je n’étais pas moins mouillé que si je venais de me jeter dans une piscine tout habillé. Je me suis changé dehors, dans la file des gens qui attendaient le bus, mais ça n’a pas servi à grand chose car toutes les affaires à l’intérieur de mon sac étaient mouillées aussi. Mon bus a eu plusieurs heures de retard et je ne suis arrivé qu’en fin de journée à Sarajevo, où j’avais encore plein de trucs à faire avant de pouvoir me poser.
Le lendemain, sans surprise, je me suis réveillé avec une bonne crève.